Interviews de nos médaillés 2024
Christophe Abadie (Club de Buno-Bonnevaux), Médaille de bronze Championnat du monde 2024 Uvalde (Texas)
Chiffres clés
- Heures de vol : 3800h
- Médailles WGC : 1er en 18m (2022), 3e en 18m (2024)
- Médailles Championnat de France : 4
- Médailles Grand Prix : 5 et 1 en finale
- Instructeurs FI : 40 heures
Peux-tu nous expliquer ton programme d’entraînement pour gagner cette médaille de bronze à Uvalde ?
J’ai beaucoup volé avant le championnat : une semaine de stage à Saint-Auban en mars, le fameux concours de la Hahnweide (à côté de Stuttgart) en mai, le championnat de France 18m où malheureusement la météo n’a pas permis de faire la course et le grand prix de France à St Sulpice en juillet. Et quand je le pouvais quelques vols à Buno au sein de mon club. Nous sommes également arrivés sur place en avance afin de découvrir la zone de vol.
156km/h de moyenne sur 560 km …Comment fais-tu pour voler aussi vite ?
C’est la combinaison de plusieurs facteurs : un planeur très performant pouvant être chargé à de 60kg/m2 à la masse maximum, de bons vario mais surtout des cheminements incroyables et un vol d’équipe qui permet d’optimiser les choix.
À 44 points derrière les deux Allemands qui remportent la première et 2eme place…que vous a-t-il manqué pour les battre ?
C’est toujours serré et parfois l’affaire de quelques points en fin de championnat. Les deux pilotes Allemands ont sans doute été plus à l’attaque que nous pendant les passages délicats et de par leur maitrise s’en sont à chaque fois bien sortis.
Quels sont tes objectifs sportifs d’ici à 2026 ?
En 2025 je lève un peu le pied, je vais participer à la finale mondiale du Grand Prix à Saint-Auban fin août.
Alexandre FIERAIN : médaille de bronze en Championnat d’Europe Junior 2023 et Médaille de bronze en Championnat du Monde Junior 2024
Peux-tu nous partager ton meilleur souvenir du championnat du Monde Junior 2024 ?
Je pense que c’est la route tous les matins en voiture avec les copains pour aller au terrain au départ de notre hôtel. La bonne ambiance et la routine pendant 15 jours, c’est vraiment quelque chose que j’adore.
J’ai une sorte d’adrénaline, d’excitation avant de venir au terrain sous le beau temps, avec une folle envie de voler et de me régaler.
On remet les compteurs à zéro chaque jour avant le briefing.
Pilote des Hauts de France, Abbeville, est-ce un avantage ou un inconvénient pour performer à haut niveau ?
Techniquement c’est un avantage !
Voler à Abbeville c’est :
- Apprendre à voler par petit temps, avec beaucoup de vent et à être frustré de la météo, car il ne fait pas souvent beau.
- Apprendre à devoir se vacher en arrivée dans les 50 derniers kilomètres car la brise de mer est rentrée dans les terres.
- Apprendre à voler avec différentes conditions météo dans la même journée.
En compétition, je pense que c’est avant tout une question de caractère qui fait gagner !
J’ai trop l’envie de gagner, cela peut me rendre impatient et me faire perdre en « petit temps » alors que c’est plutôt mon point fort. Je travaille tout ça en préparation mentale et grâce aux nombreuses compétitions que j’ai la chance de pouvoir faire.
Chiffres clés
- 1700h de vol en Planeur, 100h d’ULM
- 1 Médaille de bronze en championnat de France Sénior en classe club (2021 à Lille)
- 1 Médaille d’argent en championnat de France Junior (2021 à Fontenay)
- 1 Médaille de bronze en championnat d’Europe Junior à Arnborg au Danemark en 2023
- 1 Médaille de bronze en championnat du monde Junior à Ostrow en Pologne en 2024
Avec Nicolas Caudrelier, vous étiez sur le podium jusqu’à l’avant dernière épreuve, que s’est-il passé ?
On a fait le choix ensemble de prendre un départ derrière les autres concurrents afin de les rattraper et de garder un avantage par rapport au 3ème du classement général ce jour-là.
Au moment de ce choix, les conditions météo étaient très bonnes, il y avait de belles rues, des cheminements exceptionnels et on s’attendait à très bien voler ensemble comme on avait pu le faire tout au long de la compétition.
Malheureusement on a subi une forte dégradation météo sur la 2ème branche ce qui nous a fait perdre beaucoup de temps et nous a fait voler seul durant le reste de la course.
C’était une stratégie risquée mais qui aurait pu très bien fonctionner comme les fois précédentes durant le championnat. C’est la dure loi du sport.
Lors des prochains WGC, tu es sélectionné en sénior, qu’est-ce que cela représente pour toi ?
C’est une chance de profiter de l’expérience des seniors au niveau mondial. C’est une étape de plus vers l’excellence. C’est un rêve d’enfant d’accéder à un tel niveau.
J’ai commencé par la coupe Jacques Gomy, puis les championnats régionaux et les championnats de France. Grâce à mes résultats lors des championnats de France, j’ai pu être sélectionné au Pôle Espoir, puis en équipe de France Junior.
Ces sélections successives et mes résultats m’ont permis d’obtenir ma place en Sénior et j’en suis très fier, j’ai pu gravir les “échelons” au fur et à mesure.
En ce qui concerne les championnats du monde, Tabor est un lieu que j’affectionne beaucoup, j’y ai réalisé mon premier championnat du monde Junior et j’ai adoré la plate-forme et les conditions : du beau temps, des cheminements d’enfer (des arrivées du kilomètre 100 en classe club) et des bons varios.
Quels sont tes objectifs sportifs d’ici à 2026 ?
Je souhaiterais continuer mon parcours en Sénior si mes résultats suivent.
Je vise le top 10 pour ces WGC. Évidemment je rêve d’un podium mais il faut garder les pieds sur Terre et rester humble. Nous avons une bonne triplette avec Hugo Corbillé et Louise Rodriguez, on va mettre tout en œuvre pour réaliser la meilleure performance possible.
Chiffres clés
- Heures de vol : 5000h en planeur, 15000h en avion
- Première compétition en 1985, premier WGC en 1991
- WGC : 3 médailles d’or / 3 médailles de bronze
- EGC : 3 médailles d’argent
- Championnat de France : 12 médailles d’or / 1 médaille d’argent / 2 médailles de bronze
- Grand Prix de France : 1 médaille d’or
Laurent ABOULIN : Médaille de bronze à Uvalde
Quelle a été ta motivation pour revenir au plus haut niveau ?
C’était un objectif que nous nous étions fixés, Sylvain Gerbaud et moi, depuis longtemps. Cependant, mes résultats sportifs 2023 ne me laissaient aucun espoir d’être sélectionné.
Mais voilà, c’était sans compter sur les personnes qui croyaient en moi ! Ils ont su réveiller ma motivation en m’offrant l’opportunité de défendre nos couleurs à l’international et ainsi créer une émulation au sein des vélivoles Français. Je me souviens combien les champions de l’époque m’ont fait rêver.
Difficile pour moi de trouver de meilleures motivations, il m’était impossible de décevoir !
Douze après ta première médaille au Texas, tu en gagnes une autre à Uvalde, sur le même site…comment expliques-tu cela ?
J’ai participé à mon premier WGC à Uvalde en 1991 en nimbus 3D avec Jean-Marc Caillard. Sans cette expérience, je n’aurais certainement pas réussi à décrocher une médaille en 2012. La connaissance du site, de l’aérologie locale m’ont permis d’être plus fin dans la lecture et l’analyse du ciel. Et puis, c’est une région que j’apprécie particulièrement pour le vol en planeur. Avec des conditions météo qui me permettent de m’exprimer dans les domaines dans lesquels je suis le plus à l’aise, comme le choix des cheminements, la sélection des ascendances et la gestion des arrivées…
En JS1, comment as-tu géré ce handicap matériel ?
Tout a été mis en œuvre pour trouver un planeur compétitif. Ce parcours du combattant a été parsemé d’embûches et de déceptions. Ce fût un soulagement pour moi le jour où l’on a fermé la porte du container qui allait emmener les planeurs au Texas. Le choix du planeur était ferme et définitif. Je devais donc performer avec le JS1 même si je savais très bien qu’il me serait impossible de rivaliser avec les très bons pilotes équipés de leurs très bons planeurs.
Alors, j’ai mis toute mon énergie dans l’utilisation du JS1, adopté un vol un peu plus engagé et agressif qu’avec un grand planeur de classe libre. Tout en sécurité mais avec deux objectifs : performer et surtout ne pas pénaliser mon coéquipier Sylvain. Fort de notre amitié et expérience en paire, tout a encore fonctionné !
Peux-tu nous partager une anecdote sportive (ou pas) de ce Championnat du Monde ?
Lors de la 10ème épreuve, l’instabilité a envahi tout notre terrain de jeu. La probabilité de terminer l’épreuve était faible, il a fallu gérer le vol pour faire de la distance. Après un long plané, le vol s’est terminé sur une piste en terre désaffectée ou la végétation avait légèrement repris le pouvoir. Jusque-là tout s’était déroulé comme prévu, hormis un animal, mi-chien mi-fauve, qui a traversé l’axe en courte finale.
C’est une fois sorti de mon planeur que les choses se sont légèrement compliquées. Des carcasses d’animaux morts jonchaient le sol, pas très rassurant…Un autre planeur a alors atterri, ouf ! J’ai l’impression qu’il valait mieux être deux !
Nous voilà en marche vers un ranch repéré d’en haut. Au loin, un énorme pickup approche et s’arrête juste devant nous. Il en sort un grand gaillard 2 fois plus grand et 3 fois plus lourd que moi. Il avait le visage crispé et menaçant, il était évidemment armé jusqu’aux dents, nous sommes au Texas… Il était persuadé que l’on venait de traverser la frontière mexicaine en toute illégalité avec nos planeurs !
Finalement, il est revenu à la raison et nous a laissé repartir à pied tout en nous expliquant qu’il fallait faire très attention car sa propriété était infestée d’énormes chiens blancs sauvages qui pourraient bien nous attaquer… Quel soulagement lorsque l’excellente équipe de dépannage est arrivée. C’est bien la première fois que je me sentais aussi soulagé et heureux sur la route du retour d’une vache !